31/12/2008

Les refrains d'abord... de la nouvelle année




Il est un personnage devenu indissociable de l’homme qu’il était en vérité. À moins que ce ne soit le contraire. Un bonhomme a touché les générations, la sensibilité des plus âgés et jusqu’à ses derniers jours l’imagination des plus petits. Il n’avait pas d’âge, était comme éternel. Quand, en 1963, on lui demandait de se décrire, il citait un grand ami à lui, William Shakespeare : « être ou ne pas être, voilà la question. Pour y être, nous savons que nous y sommes. Mais de-là à savoir ce que nous sommes, c’est une autre affaire. Pour ma part, je suis d’avis qu’il est inutile de se compliquer l’existence et de se creuser les méninges. Freud et Camus l’ont fait avant nous et pour en arriver à quel résultat… que nous ne sommes pas grand chose, au fond. »

Il était pourtant le
Capitaine Bonhomme, comédien et aussi chanteur. Michel Noël, né Croteau, a vu le jour à Québec. Destin de bande dessinée. Son père, Jean, dirigeait sa propre troupe de théâtre pendant que maman faisait, à la fois, souffleur, costumière, éclairagiste et maman. À cinq ans, le petit Michel tenait son premier rôle. Ne se posant pas de question sur le métier à venir, mais sur les façons de le faire, il l’apprend avec François Rozet et Jeanne Maubourg, jusqu’à ce que le théâtre Arcade l’embauche.

1941, la guerre mène le monde et le théâtre son monde. Michel Croteau, pas encore capitaine, s’engage et part, avec le théâtre des Armés, égayer les troupes basées en Angleterre, en France, en Hollande et en Belgique. C’est là qu’il pousse pour la première fois la chansonnette, arme moins inoffensive qu’on le croit. Blessé au cours d’un bombardement, il est soigné à l’hôpital d’Anvers, quand il apprend de la plume d’un ami que la station CKAC lance un concours de scripteur. La guerre a le cœur dur même pour le capitaine qui se voit ravir sa place.

À son retour, CKAC l’accueille, le fait scripteur, annonceur et chanteur. Puisant dans le répertoire de Charles Trenet, de Georges Ulmer, il interprétait ses chansons à la radio et au cabaret. Il admettait avoir trois maîtresses : la radio, le cabaret et la télévision.

Avant de créer le
Capitaine Bonhomme, Michel Noël incarnait, dès 1956, à Radio-Canada dans le cadre de l’émission l’Ile aux trésors, le capitaine Hublot. Robert l’Herbier, du naissant Canal 10, lui propose de créer un personnage pour enfants. Un personnage qu’il décrivait ainsi : « Le capitaine est un personnage comique, mais sérieux. Pour intéresser le public, il faut le faire vivre et surtout ne pas vouloir absolument lui apprendre quelque chose.»

De
la Pension Velder à Quelle Famille, de l’Agence Jobidon au Voyage de noces, chanson de Lionel Daunais avec laquelle il a remporté tous les honneurs, Michel Noël créait littéralement l’illusion que l’imaginaire était une destination courue.

Et pour que les sceptiques soient confondus… Dus ! Dus ! Dus! À tout jamais, il a dit: « Il est curieux de constater avec quel acharnement, avec quel entêtement chacun d’entre nous, quel qu’il soit, recherche le bonheur. Il semble qu’en venant au monde, nous ayons justement perdu le bonheur et dès l’instant ou nous ouvrons les yeux, c’est pour immédiatement essayer de le retrouver. En admettant qu’on le trouve, le plus difficile c’est de le conserver, de le partager.»

Et comme si ses chansons étaient un peu le bonheur, nous les avons trouvées, emprisonnées et conservées sur ce disque pour, avec vous, les partager.

Monique Giroux.
Animatrice. Les refrains d’abord. Radio-Canada.


Et pour faire suite à ce merveilleux hommage de Radio-Canada, je partage avec vous quelques chansons de mon père…

Des souhaits de bonheur pour la nouvelle année.

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1. Illustration. Jac-Guy. Michel Noël. Années 50. Collection Bonhomme.

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